- préconçu
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• 1640; de préconcevoir, de pré- et concevoir1 ♦ Imaginé par avance. Plan préconçu. ⇒ préétabli. « Commencer sans plan préconçu. Sans trop savoir d'avance ce que je veux dire » (A. Gide).2 ♦ Péj. (plus cour.) Idée, opinion préconçue, élaborée sans jugement critique ni expérience. ⇒ préjugé (cf. Idée toute faite, parti pris). « l'homme le plus dénué de toute idée préconçue, de toute prévention dans l'ordre de la pensée » (Sainte-Beuve ).préconçu, ueadj. Conçu, imaginé d'avance. Combinaison préconçue.|| Péjor. Idée, opinion préconçue, adoptée avant tout examen ou toute expérience; préjugé.⇒PRÉCONÇU, -UE, part. passé et adj.I. —Part. passé de préconcevoir.II. —AdjectifA. —[En parlant d'une production intellectuelle ou artist.]1. Conçu, imaginé, pensé par avance. Synon. préétabli. Cadre, jugement, raisonnement, sujet, système, type préconçu. [La doctrine de la finalité] dit que les parties ont été assemblées sur un plan préconçu, en vue d'un but (BERGSON, Évol. créatr., 1907, p.89). Il faut suivre Rembrandt de ses plus humbles notes, dessinées tous les jours au vol, à ses oeuvres les plus préconçues (FAURE, Hist. art, 1921, p.49).— Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. [L'analyse réductrice] saisit bien la vie en mouvement, elle ne la saisit pas dans son mouvement. Elle tend à la rabattre sur un système de références immobiles, stéréotypées; elle la fige dans le préconçu et le révolu (MOUNIER, Traité caract., 1946, p.574).2. Idée préconçuea) Cour., souvent péj. Idée qui est admise d'avance, sans avoir été mise à l'épreuve et sans critique suffisante. Synon. préjugé, prévention. Pour y parvenir [à saisir ce qui lui apparaît comme étant la réalité], il s'acharne [l'auteur réaliste] à débarrasser ce qu'il observe de toute la gangue d'idées préconçues et d'images toutes faites qui l'enveloppent, de toute cette réalité de surface que tout le monde perçoit sans effort et donc chacun se sert, faute de mieux (SARRAUTE, Ère soupçon, 1956, p.141).b) Domaine de la méthode exp. V. idée I A 4 a.B. —[En parlant d'un comportement, d'une attitude] Que l'on adopte a priori, sans réfléchir, sans attendre l'épreuve de l'expérience. Hostilité préconçue. Il est malaisé de conserver une antipathie préconçue contre une très jolie femme qui vous apparaît pour la première fois les yeux noyés de larmes (FEUILLET, Veuve, 1884, p.79). Être injuste envers telle revue dirigée par des catholiques; (...) avoir une indulgence préconçue envers telle autre, d'inspiration protestante (MARTIN DU G., Notes Gide, 1951, p.1405).REM. Préconcevable, adj., hapax. Qui peut être conçu, énoncé par avance. S'il advient que l'oeuvre d'art soit une réponse et admirée comme telle, il advient aussi, pendant les grandes mutations artistiques, qu'elle fasse taire la question acceptée jusque-là. L'idée d'art, devenue une idée ouverte, a cessé d'être préconcevable (MALRAUX, Voix sil., 1951, p.607).Prononc. et Orth.:[
]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1640 «conçu dans l'esprit avant toute observation, avant tout examen approfondi» (J. A. COMENIUS, Janua aurea reserata quatuor linguarum trad. en fr. et ital., p.3, § 6); 1758 (DIDEROT, De la poésie dramatique, p.244). Dér. de conçu, part. passé adj. de concevoir; préf. pré-. Fréq. abs. littér.:153.
préconçu, ue [pʀekɔ̃sy] adj.ÉTYM. 1640; de pré-, et p. p. de concevoir. Cf. le v. préconcevoir (1767).❖1 Qui est conçu, imaginé par avance. ⇒ Hypothétique. || Plan préconçu. ⇒ Préétablir (préétabli). || Vouloir refondre l'homme d'après un type préconçu (→ 1. Élan, cit. 7).1 Je voudrais ne chercher point même à former mes phrases. Commencer sans plan préconçu. Sans trop savoir d'avance ce que je veux dire.Gide, Journal, 19 nov. 1928.2 (1761). Péj. (plus cour.) || Idée, opinion préconçue, élaborée antérieurement à toute expérience et sans critique suffisante (⇒ Anticiper, p. p.) ou reçue sans examen (⇒ Préjugé). || Expérience qui infirme (cit. 3) l'idée préconçue. || Aborder (cit. 11) la vie avec les idées préconçues de l'adolescence.2 (…) le Fontenelle disciple de Descartes en liberté d'esprit et en étendue d'horizon, l'homme le plus dénué de toute idée préconçue, de toute prévention dans l'ordre de la pensée et dans les matières de l'entendement (…)Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 27 janv. 1851.
Encyclopédie Universelle. 2012.